Le choix de la radicalité

Lors de mon passage à Radio Maudin (merci à lui), la critique la plus récurrente que j’ai pu voir concernait ma position sur la contraception et l’avortement. C’est-à-dire sur leur interdiction.

En soi, je m’attendais à des critiques sur ce point particulier. Si j’en ai parlé, c’est parce que je sais bien comment fonctionnent les réseaux. L’objectif ici n’est pas de se faire élire. Il s’agit de provoquer le débat et de laisser une impression durable chez un maximum de monde. Est-ce que cela veut dire que je ne suis pas sincère ? Non, bien au contraire. Ce que je dis, c’est que j’aurais pu m’abstenir d’en parler et que j’ai choisi délibérément de le faire.

Il faut comprendre que mes propositions faisaient partie d’une vision d’ensemble et ne sont pas des mesures isolées. C’est un point important, et j’en parle plus bas dans l’article.

Et puis, tout cela n’est radical que parce que nous vivons dans une période historique unique et franchement folle. Il n’y a aucune fierté à être « modéré » dans un monde en perdition. Bref, passons. Dans cet article, je vais expliquer pourquoi, en 2024, la radicalité (dans les idées) est un choix judicieux, y compris d’un point de vue stratégique.

L’approche systémique

Avant de parler stratégie, je vais répondre à une critique que j’entends souvent face à une idée radicale. Je vais partir de l’exemple du duo contraception/avortement. Ce sont en fait les deux faces d’une même pièce. C’est-à-dire l’attaque physico-chimique généralisée de nos sociétés contre la vie biologique humaine.

Cette critique, c’est celle qu’on entend de la bouche des résignés.

« Jamais droit acquis n’a été retiré »

« L’Histoire ne revient pas en arrière »

« Les gens ne voudront jamais abandonner leur confort »

Premièrement, il faut oublier cette notion de « droit ». S’empoisonner à coup de bloqueurs hormonaux n’est pas un droit, c’est une injonction du système consumériste et productiviste.
Deuxièmement, nous ne sommes pas conservateurs et personne ne veut revenir en arrière. Le national-écologisme est archéofuturiste. Loin d’être réactionnaire, une grande partie du national-écologisme est au contraire véritablement novatrice. Ce que nous voulons, c’est retrouver une société saine.
Troisièmement, les « gens » n’ont aucune espèce d’importance dans le processus politique. Ce sont des minorités organisées qui dictent le cours de l’Histoire. De toute façon, notre confort moderne n’est pas éternel. La question est de savoir si nous serons demain dirigés par des élites qui ont à cœur le bien-être de leur peuple, ou par des technocrates dégénérés et avides de pouvoir.

La « démocratie » a tellement abruti le peuple qu’il s’est habitué à des programmes à courte vue. Du coup, il a bien du mal à appréhender une vision d’ensemble et à imaginer qu’un point particulier s’inscrive dans une logique plus large.

Et c’est bien là le cœur du problème. Évidemment qu’interdire la contraception artificielle ne serait ni possible ni souhaitable sans rien changer d’autre. Il est logique que personne ne veuille d’enfants dans les conditions actuelles. Que ce soit Jean-Rachid avec une lame de 30 cm, l’économie ou la crainte pour notre avenir… tout cela est bien compréhensible.

Ce que nous proposons, ce n’est pas juste d’interdire la contraception et l’avortement avec quelques mesurettes à la marge. Ce que nous proposons, c’est une toute nouvelle vision. Dans ce cadre-là, empêcher la vie ne sera plus nécessaire ou souhaitable. Les enfants pourront être accueillis de manière généreuse, car toute la société sera structurée autour de cette idée. C’est-à-dire autour de l’idée de favoriser la vie et l’harmonie de l’homme avec sa nature propre, et son environnement.

Ce n’est pas quelque chose qui peut être fait du jour en lendemain ou même pendant un quinquennat électoral. C’est une vision d’ensemble à long terme, un idéal de vie à concrétiser.

Radicalité et résignation

Globalement, mon analyse précédente se généralise à toute idée radicale et à la radicalité en général.

D’abord, il y a ceux qui sont en désaccord. Ce n’est pas très grave. Nous vivons une époque somme toute assez médiocre et consensuelle qui décourage toute prise de risque. Ce qui compte, ce n’est pas de mettre d’accord 51 % de la population sur quelque chose. Ce qui compte, c’est de dire la vérité et de proposer une vision saine, positive et véritablement nouvelle, par définition radicale. Ensuite, des communautés peuvent se construire autour de cela.

En deuxième lieu, il y a donc les résignés. Ils n’ont pas forcément un mauvais fond, mais ils ont la même vision de l’Histoire que les gauchistes. C’est-à-dire qu’ils s’imaginent qu’elle est linéaire et qu’on ne revient jamais sur un « progrès ».

Il est vrai que l’Histoire ne repasse pas les plats, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. L’Histoire est cyclique, ou plutôt sphérique pour reprendre l’expression de Faye. Elle présente des motifs récurrents, similaires, mais jamais identiques. Je vous épargne le suspens, mais les motifs de notre société contemporaine sont des motifs de décadence.

Un confort excessif, des troubles identitaires et ethniques, une confusion dans le rôle des hommes et femmes, une bureaucratie tentaculaire… sont autant de motifs que l’on retrouve à la chute de l’Empire romain ou de l’Ancien Régime.

La Destruction, par Thomas Cole (1836)
La Destruction, par Thomas Cole (1836)

De la même manière, à travers l’Histoire, on retrouve les motifs opposés dans les sociétés en bonne santé :

  • Une certaine frugalité ; peu de matérialisme et pas de confort excessif.
  • Une confiance en soi ethnique, mais sans haine de l’autre : chacun chez soi, donc.
  • Des rôles sexués clairs et solides, sans ressentiment.
  • Des hommes capables de se gérer eux-mêmes sans se faire assister.

En règle générale, les gens sont au courant du fonctionnement de la Nature en ce qui touche à l’évolution biologique des espèces. Ils savent que la Nature, juste, mais implacable, élimine les caractéristiques non désirables. Mais ils n’appliquent pas le même raisonnement aux sociétés humaines. Pourtant, une société humaine qui adopte des codes moraux, politiques, économiques inadaptés à l’homme finira tôt ou tard par s’effondrer sous le poids de ses contradictions.

Ainsi, il n’y a pas lieu de se résigner. Il faut simplement proposer quelque chose de sain et qui correspond aux motifs que nous avons vus ci-dessus, c’est-à-dire à la nature profonde des hommes et femmes. La victoire n’est ensuite qu’une question de patience.

Cela étant dit, l’effondrement d’un système est exponentiel. Aujourd’hui, des événements qui auraient eu lieu en un an ont lieu en une semaine. Plus le système s’effondre, plus il s’effondre vite.

La radicalité comme stratégie

C’est bien beau de vouloir porter des idées nouvelles. Mais la radicalité est-elle stratégiquement intéressante ?

En fait, tout dépend du contexte politique, économique et social. Nous serions dans les années 70, ce serait très compliqué. Les masses ne seraient tout simplement pas réceptives. Porter une idée nouvelle serait vraiment un acte désintéressé. Ce serait planter des graines pour les générations futures. C’est un peu ce qu’a fait Faye, pour ne citer que lui.

Mais nous sommes en 2024, dans un système à bout de souffle et incapable de se réformer. Tout se dégrade à vue d’œil. Là, tout change. Dans ces circonstances, parier sur le statu quo serait une grave faute stratégique et politique.

D’ailleurs, les gauchistes ne s’y trompent pas et sont de plus en plus radicaux, pour les mêmes raisons. L’investiture de l’autre pleureuse bourgeoise spécialiste du 10 contre 1, Raphaël Archenault, en est une preuve de plus.

De plus, qu’on le veuille ou non, nous vivons à l’ère des réseaux sociaux. Des dizaines voire des centaines de posts, commentaires, vidéos accaparent l’attention des gens. Il est très difficile de faire entendre sa voix sans prendre le risque de les secouer un peu.

L’objectif n’est pas de compromettre tous nos principes pour remporter une élection qui est de toute façon inutile. Votez tout de même, l’utilité symbolique du vote en 2024 existe. Mais, sur le temps long, il vaut mieux réfléchir un coup en avance et refaire des communautés locales autour d’une vision vraiment alternative et saine.

La fenêtre d’Overton

Il s’agit du dernier argument en faveur de la radicalité. Le sujet de la fenêtre d’Overton est un peu technique. Je vais essayer de ne pas m’attarder dessus. Petite définition Wikipédia :

La fenêtre d’Overton, aussi connue comme la fenêtre de discours, est une allégorie qui situe l’ensemble des idées, opinions ou pratiques considérées comme plus ou moins acceptables dans l’opinion publique d’une société.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fen%C3%AAtre_d’Overton

Le fonctionnement du discours public est exactement le même qu’une fenêtre. Pour le décaler et rendre un sujet acceptable, ou au contraire rendre un autre sujet inacceptable, il y a deux solutions :

  1. Décaler le milieu de la fenêtre.
  2. Décaler les bords.

Étonnamment, la deuxième solution est bien plus accessible et efficace.

Les gauchistes sont des experts du sujet. Si une folle vous explique régulièrement qu’il faut tuer tous les hommes, vous allez finir par trouver modérée celle qui vous annonce qu’on peut se contenter de les stériliser.

Vue par la fenêtre d'une ville en train de brûler
La fenêtre d’Overton des gauchistes

Sur un autre registre, si des « intellectuels » détraqués vous expliquent que l’amour peut exister entre un enfant et un adulte, ce n’est pas anodin. Ils normalisent les « acquis sociaux » du jour et préparent la prochaine étape.

Ça ne date pas d’aujourd’hui.

Le Monde publie le 26 janvier 1977, veille du procès de l’Affaire de Versailles, un « communiqué » estimant que « trois ans, ça suffit » pour Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckhardt, en détention préventive depuis trois ans et deux mois car accusés d’attentat à la pudeur contre trois enfants de 13 et 14 ans.

[…]

Parmi les nombreux signataires citons des futurs ministres, Jack LangBernard Kouchner, des intellectuels comme Jean-Paul SartreSimone de BeauvoirLouis AragonAndré GlucksmannGilles DeleuzeRoland BarthesFrancis Ponge et Guy Hocquenghem, ainsi que quelques médecins58,41.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Apologie_de_la_p%C3%A9dophilie#Les_p%C3%A9titions_de_1977,_1979_et_2001

Parmi les signataires notables de ce « communiqué » on retrouve :

  • Jack Lang, qu’on ne présente plus, et son compère Kouchner.
  • Des esprits malades et détraqués comme Sartre, Simone De Beauvoir, Deleuze et Barthes.
  • Glucksmann père, dans tous les bons coups.
  • Hocquenghem, militant homosexuel mort du sida.

Je n’ai reproduit qu’une courte partie de l’article, mais toute la section est édifiante. Franchement, lisez-la. Je vous mets les « meilleurs » (pires) extraits ci-dessous, que vous pouvez ou non dérouler :

Extraits

[…]

En novembre 1976, après être passé à l’émission Apostrophes, l’écrivain Gabriel Matzneff se plaint dans une tribune libre au Monde de n’y avoir pas été soutenu 42, et y révèle l’affaire de Versailles en masquant les faits pédocriminels ayant causé trois ans détention préventive aux trois inculpés (Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckhardt), qu’une pétition appelle ensuite à soutenir en janvier 1977, le mois où parait la Charte des enfants43, livre de trois animateurs d’une émission sur Europe1, Jean-Michel DesjeunesPhilippe Alfonsi et Bertrand Boulin, fils du ministre du travail Robert Boulin et très proche ami Gabriel Matzneff, avec qui il dîne fréquemment44. Le livre demande l’abrogation du délit de détournement de mineurs 45, tandis que Guy Hocquenghem appelle discrètement les philosophes à signer la pétition secrètement rédigée par son ami Gabriel Matzneff46.

Le même mois Jean-Luc Hennig commence à écrire dans Libération sur le corps érotique de l’enfant, même si “ça faisait un peu scandale dans la rédaction”47, tout en prenant un charge une rubrique Courrier des lecteurs désormais gratuite et progressivement ouverte aux contenus pédophiles48, avec une « Lettre ouverte à tous les pédophiles » en février 1977 puis une autre, le 24 mars, plaidant pour la sexualité des enfants49 et une troisième en mai 1977 annonçant la création d’un “Front de libération des pédophiles”50,51, peu avant la parution en juillet 1977 du Nouveau Désordre amoureux d’Alain Finkielkraut, livre qui louange l’« apologie de la sexualité avec les enfants » des livres précédents de Tony Duvert52. […]

L’une des pétitions proposait d’accélérer les procédures pénales sanctionnant les relations sexuelles avec des mineurs, en recourant à des juges professionnels, et dénonçait la discrimination contre les homosexuels dont la majorité sexuelle en France n’avait été abaissée qu’à 18 ans en 1974 contre 15 ans pour les hétérosexuels55. […]

À propos de l’une des pétitions les plus polémiques, rédigée par Gabriel Matzneff, le 16 janvier 2020, Vanessa Springora, invitée dans l’émission La Grande Librairie y a souligné, tout comme le sociologue Pierre Verdrager et le magistrat Jean-Pierre Rozencsveig, en réponse à une question de l’animateur François Busnel, que les motivations étaient très différentes d’un signataire à l’autre, la plupart voulant dénoncer la discrimination contre les homosexuels, sans savoir que Gabriel Matzneff, qui se définissait comme pédophile et avait lui-même des relations sexuelles avec des adolescents et des enfants, avait participé à la rédaction du texte.

[…]

L’appel explique que l’affaire de Versailles, « jugée en audience publique, a posé le problème de savoir à quel âge des enfants ou des adolescents peuvent être considérés comme capables de donner librement leur consentement à une relation sexuelle. C’est là un problème de société. Il appartient à la commission de révision du code pénal d’y apporter la réponse de notre temps », pour des textes de loi « rajeunis et actuels »60.

[…]

Enfin, les signataires affirment qu’ils « considèrent que l’entière liberté des partenaires d’une relation sexuelle est la condition nécessaire et suffisante de la licéité de cette relation ». Ils affirment également la nécessité de tenir « compte du consentement du mineur. » Ils avancent :

Les dispositions prétendant à une “protection” de l’enfance et de la jeunesse sont de plus en plus incompatibles avec l’évolution de notre société, et doivent être abrogés ou profondément modifiés, dans le sens d’une reconnaissance du droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec des personnes de son choix.

[…]

Dans les colonnes de Libération, tout en marquant une distance avec les pratiques et les écrits de Jacques Dugué, le journaliste et écrivain Guy Hocquenghem justifie ainsi le fait de lui donner la parole :

Il y a quinze jours, France-Soir paraissait avec en première page un grand titre sur “une écœurante affaire de mœurs” où un soi-disant éducateur aurait livré à la prostitution internationale des régiments de gamins. […] Pas un journal, pas un journaliste, excepté Libération ne se donnait la peine de vérifier les inculpations contre Dugué : en fait, ni prostitution ni proxénétisme, mais un simple attentat à la pudeur sur mineurs sans violences. […] Comme l’a écrit Le Monde avec une lourde ironie, Dugué écrit en effet des “thèses sur la pédophilie”, comme en témoigne cette lettre. Son univers, celui des couples échangistes, qui se passent des photos d’enfants, sa franchise quant à la sodomie sont d’un langage différent de la pédérastie plus intellectuelle ou artistique. Mais cet homme, voué pendant trois jours à la vindicte publique comme le monstre absolu par les plus puissants média sur la base d’informations parfaitement erronées, a bien gagné le droit à l’expression depuis sa prison.

[…]

Le Monde ne prend lui parti dans aucune des deux affaires. Il obtient le 27 février des informations des enquêteurs, évoquant les « 15 jours dans le coma » de Jacques Dugué63, qui vient de se pendre en raison de « la quasi-certitude d’être lourdement condamné »63 mais aussi « les victimes (qui) seraient au nombre d’une trentaine »63 et ne « se livraient pas seulement à des jeux innocents », tandis que « l’un des parents » avait porté plainte63.

Le 23 mars 1979 […] une lettre titrée « Flip Fnac » est publiée dans la page « Courrier des lecteurs » du journal Libération 67 […]. Le texte dénonce la détention préventive de 18 mois […] imposée à Gérard Roussel. […] Il a été arrêté en septembre 1977 à la FNAC, où il venait retirer, sous un nom d’emprunt, un film super-8, qui mettait en scène une enfant de sept ans. Un employé du magasin fait un signalement à la police, qui perquisitionne le domicile du suspect66,68, qui sera finalement condamné pour des actes à caractère sexuel commis sur des filles de 6 à 12 ans – sans violence ni pénétration. La pétition publiée avant le procès est signée par Guy HocquenghemSimone IffJean-Louis BoryDaniel GuérinChristiane RochefortGeorges MoustakiCatherine Millet, etc. L’argument est le suivant :

Une fois encore, au nom de la “protection” de la jeunesse, la loi nie l’existence de l’enfant comme être capable d’aimer. Donner de l’amour à un enfant et en recevoir de lui par une présence, de la tendresse, des caresses, est aujourd’hui un délit, voire un crime. On sait aussi que deux mineur(e)s qui font l’amour ensemble se détournent l’un l’autre au terme de la loi. Le caractère anachronique de cette législation est renforcé par le fait qu’une jeune fille de moins de 15 ans peut se procurer une contraception sans autorisation de quiconque. Pour faire quoi ?

En ce qui nous concerne, nous défendons des idées qui sont mille fois plus saines que toutes ces immondices. Nous n’avons aucune raison de flancher ou de douter du bien-fondé de nos intentions. Au contraire, c’est en restant ferme sur des positions audacieuses que nous ferons avancer les choses.

Conclusion

En 2024, la radicalité est un choix judicieux. Il ne faut pas avoir une vision à court terme. Il s’agit bien d’analyser les lames de fond démographiques, sociales, économiques, idéologiques qui parcourent nos sociétés. Réfléchir comme si le statu quo politique et social était éternel alors que tout s’écroule est une erreur.

Vraiment, quel que soit l’angle duquel on examine la question, la réponse est sans équivoque. Être radical (dans les idées) n’est pas seulement juste, c’est aussi stratégiquement intelligent.

Je me répète, mais ce ne sont pas des mesures isolées qu’il nous faut.

C’est une vision nouvelle.

Meme radicalité ou statu quo

Il n’y a pas vraiment d’autre solution.